Histoire de 1341 à 1900 (partie 3)

Les siècles de Louis XIV et Louis XV

 

Au XVIIème et surtout au XVIIIème siècle, les documents écrits sont nombreux et l’abondance de contrats, procès en tout genre montre bien l’importance de la chose écrite dans une population aux trois quart illettrée. Une paroisse essentiellement rurale se doit d’acter sur les mouvances de propriété, les limites de champ et des droits de chacun dans un système encore féodal où la propriété est confisquée par une seule classe, mais qui s’ouvre grâce au système de domaine congéable à une meilleure productivité.

Dernière mise à jour, le 13 février 2019 à 12:01
Fresque des périodes d'évolution de l'Homme d'Hillion à nos jours

Le registres paroissiaux et le conseil de fabrique

 

Les premiers registres paroissiaux et le Conseil de fabrique

 

Depuis 1539, les recteurs se doivent d’y inscrire les naissances, les mariages et les décès. Ils renseignent sur la vie des habitants d’Hillion au XVIIème siècle. On connait leurs professions. Ainsi, s’il y a beaucoup de paysans, métayers, journaliers, quelques fermiers, on y trouve également des métiers de l’artisanat comme maréchal-ferrant, cordonnier, tisserand, fournier et plusieurs notaires, tant on a besoin de transcrire des actes pour une population presque analphabète. Ainsi Charles Campion, clerc, venu de Picardie s’installer en 1670 à Hillion et qui a fait souche…

 

On trouve aussi quelques pêcheurs, surtout à Lermot, qui partent vendre leur poisson à Saint-Brieuc et traversent les filières au péril de leur vie parfois, comme l’attestent les nombreuses noyades au XVIIème siècle. (cf fiche 050201), (cf fiche 050503)

 

L’ancêtre du conseil municipal est le Conseil de fabrique (ou général) de la paroisse. A l’époque il n’y a pas de séparation entre l’Eglise et l’Etat. Ce Conseil est constitué de 10 ou 12 hommes honorables de la paroisse, chargés de veiller aux intérêts de l’Eglise et à ceux de la paroisse en tant que territoire. A Hillion, les plus anciennes délibérations datent de 1704. On peut ainsi connaitre assez exactement les comptes et revenus de la paroisse au sol près. Elles indiquent également les procès intentés contre le Conseil (en 1721). (cf fiche 010408), (cf fiche 210224)

Acte de mariage daté de 1649
Noyades dans la grève

Trois affaires judiciaires

 

Trois affaires judiciaires sont d’ailleurs emblématiques de cette époque : l’affaire Pépiot, l’affaire Le Hérissé, et la sinistre affaire Jean-François du Bouilly.

 

Jan Pépiot, coupable d’avoir avoir assassiné le Seigneur Des Hays, de Carsuga, avec l’aide de deux femmes, fut d’abord condamné à mort en 1702. L’intégralité des interrogatoires nous étant parvenue, ce document est essentiel pour comprendre la vie des paysans métayers à Hillion au début du XVIIIème siècle.

 

Il fut gracié à Rennes en appel, pour des raisons qui restent encore à découvrir, et est décédé en 1731 à 76 ans. (cf fiche 210204), (cf fiche 210212)

 

L’affaire Le Hérissé est moins dramatique, et concerne le recteur d’Hillion, Jacques Fouesnel, qui, après avoir hébergé le dit Le Hérissé, entreprit de le dépouiller et tenta de l’assassiner, lui, sa femme, et ses enfants, avec quelques acolytes pour certains d’ailleurs membres du Conseil de Fabrique. Il semble qu’ils étaient fortement alcoolisés et assez violents, mais il n’y eut pas de blessé. Le Hérissé et sa famille réussirent à prendre la fuite et partirent se cacher au château des Marais. L’affaire se termina sans procès. (cf fiche 210205)

 

En 1718, pour des raisons inconnues, tous les biens de François du Bouilly, marquis de Resnon avaient été saisis, les fermages de Bonabry et les métairies étaient mises en adjudication. Ce qui rendit furieux Jean-François du Bouilly, frère du marquis, qu’on appelait le comte d’Obtaire, et qui demeurait à Carbien. Il ne manqua pas de molester un archer de la Maréchaussée dans le bourg de Lamballe et quand il apprit que le commissaire aux saisies était dans une auberge du bourg d’Hillion pour procéder aux adjudications, il fit cerner l’auberge avec des acolytes armés et menaça le commissaire avec son pistolet. Avec un personnage déjà mentionné dans l’affaire Le Hérissé vue plus haut, René Hamon dit « la sonde », ils pourchassèrent le commissaire et un dragon du Roy qui l’accompagnait et les molestèrent et blessèrent assez gravement le dragon du Roy Jean Baptiste Bouquet.

 

Jean-François du Bouilly ne fut jamais inquiété réellement par la justice, et l’affaire se perdit dans les chicanes judiciaires. René Hamon fut, quant à lui, jeté en prison. (cf fiche 210219)

Condamnation Jan Pepiot
Extrait réquisitoire Le Herissé
Armes de Bouilly Turquand Obtaire

La digue de la Brulaire

 

Dès la fin du XVIIIe siècle, les habitants riverains des grèves d’Hillion, Langueux et Yffiniac, voient l´intérêt de cultiver de riches terres alluviales en gagnant des parcelles sur le Domaine public maritime, qui était surtout exploitées par les sauniers, depuis près de deux cents ans.

 

En 1764, un conseiller du Parlement de Bretagne, Jean-Baptiste Lefebvre de la Brulaire, obtient du Roi la concession des grèves entre la pointe d´Hillion et la pointe de Cesson. Il prend à sa charge la construction d´une digue de 3500 m entre ces deux pointes,

 

l´aménagement de portes pour la retenue et l´écoulement des eaux, le dessèchement des terrains, ainsi gagnés (2000 ha) et l´entretien à perpétuité de cette digue. Il doit en outre payer une redevance au Roi : 3 sous par journal de terre. Les travaux furent commencés mais les paroisses avoisinantes : Hillion, Langueux, Yffiniac, protestèrent, soutenues par les Etats de Bretagne. (cf fiche 050505)

Ruines de la digue en 1785

Les dernières grandes épidémies

 

Le typhus sévit à partir de 1741, puis apparaissent la variole, la typhoïde, les fièvres éruptives, les dysenteries qui causent 159 décès à Hillion en 1741.

 

En 1779 une épidémie de dysenterie bacillaire provoque 45 000 décès en quelques semaines en Bretagne. A Hillion, il y a 126 décès cette année-là contre une moyenne de 45 sur tout le XVIIIème siècle La variole, coutumière aux marins d'Afrique, sévit à Nantes et dans toute la Bretagne ; elle est très meurtrière de 1774 à 1789.

Décès du 27 septembre 1779