Histoire des origines au XIIIe siècle (2)
LA BRETAGNE DES PREMIERS SIÈCLES :
DU IVe AU XIe SIÈCLES
Comme pour la période allant des origines à la fin de la période gallo-romaine, les éléments concernant l’histoire de la commune de Hillion peuvent conduire à de nombreux développements. Nous avons choisi de ne présenter ici que les éléments essentiels permettant de connaitre, de la fin de la période gallo-romaine jusqu’au XIe siècle, quelle a été la vie sur le territoire de la commune.
Pour ces périodes reculées, les sources d’informations sont rares, fragmentaires, parfois partiales, et souvent écrites très postérieurement aux évènements décrits. Il convient donc d’être prudent dans la présentation de cette Bretagne des premiers siècles et de ce que nous pouvons connaitre de la vie à Hillion pendant cette période.
Pour rendre compréhensible les faits qui se sont déroulés à Hillion, illustrés par une iconographie, nous nous sommes appuyés sur les conditions régionales, et parfois même nationales, dans lesquelles ces faits s’inscrivaient. Il ne s’agit cependant pas de présenter une monographie exhaustive sur ce que nous connaissons de ces périodes, ce sera l’objet de travaux ultérieurs qui prendront également en compte les recherches que notre association continue d’effectuer.
1. La disparition de la civilisation gallo-romaine et le début de l’installation des Bretons
Au IVe siècle, on distingue la Bretagne (actuellement Grande-Bretagne) habitée par des peuples celtes et en particulier des Bretons puis progressivement, à partir de la fin du IVe siècle par des Angles et des Saxons (qui deviendront les Anglo-saxons), et l’Armorique (Bretagne actuelle) habitée par les peuples gaulois plus ou moins romanisés.
Situation générale de l’Empire romain au IVe siècle
Dès le IIe siècle, l’empire romain est soumis à des incursions barbares, qui sont repoussées sans trop de difficultés. L’empire à son apogée couvre un territoire immense, de l’Occident au Moyen-Orient, ceinturant toute la méditerranée (Mare Nostrum). Aux IIIe et IVe siècles, la pression des peuples dits barbares s’accentuant de plus en plus, l’empire est fréquemment envahi, principalement sur ses frontières extérieures, au Moyen-Orient et dans l’Est de l’Europe. Le ramollissement des moeurs à Rome, les querelles incessantes pour prendre le pouvoir facilitent ces percées et ces implantations qui fragilisent les routes commerciales, engendrent une grande insécurité, même pour les établissements les plus éloignés comme ceux d’Armorique, entraînant une grave crise économique.

Les raids des saxons et la surveillance des côtes nord de l’Armorique
En Armorique, les incursions des pirates saxons sont de plus en plus fréquentes et dévastatrices. On a exposé ci-avant, qu’à la Grandville en Hillion, comme dans d’autres lieux du littoral (Yffiniac, Port Aurel, Fréhel….) des traces d’incendie sur des vestiges archéologiques, datées de la fin du IIIe siècle, semblent attester de ces bouleversements. Pour essayer de faire face à ces menaces, le pouvoir romain renforce le contrôle des côtes, crée de nouvelles voies plus proches du littoral, et met en place des groupes de soldats pour surveiller les mouvements en mer. Il semblerait qu’il ait été fait appel à des troupes d’auxiliaires venus de Bretagne insulaire, notamment du pays de Galles et de Cornouailles. De par sa situation géographique particulière, il est probable qu’un groupe de soldats aient été positionné à la pointe de la presqu’île de Hillion.

Les découvertes de dépôt monétaires au Champ Oisel, et à Carquitté (environ 4 kg) laissent à penser qu’effectivement sous la pression d’évènements tragiques, de riches personnages n’ont eu que le temps d’enfouir leurs richesses monétaires pour les mettre à l’abri. Mais ils ne sont jamais venus les récupérer… Une autre hypothèse, peut-être la plus plausible, est que le désordre général dans l’Empire ayant engendré une très forte inflation, les pièces de monnaies ne valaient plus rien, et leurs possesseurs les mettaient à l’abri dans l’espoir d’une remontée des cours. Les pièces de monnaies les plus tardives découvertes à Hillion sont datées du début du IVe siècle (cf fiche 110302). Par la suite, la dégradation de la vie économique, les troubles fréquents conduisent probablement à une modification forte du mode de vie.
Les vétérans de la XXe légion romaine de Bretagne s’installent en Armorique
Au IVe siècle, La Bretagne insulaire (Britannia) est divisée en quatre provinces où séjournent trois légions. Les Bretons ont tout d’abord été sujets des romains, puis, en vertu de l’Édit de Caracalla, ils deviennent citoyens romains en 212.
Le pouvoir central à Rome étant faible après la mort de Valentinien Ier en 375, et les troubles persistant dans l’empire, les légions romaines de Bretagne (composées probablement, principalement d’autochtones) élisent comme empereur leur général Magnus Clemens Maximus. Celui-ci, débarque en Gaule avec la XXe légion pour prendre le pouvoir. Militaire aguerri, il s’impose rapidement, vainc l’empereur Gratien qui est tué.
Il s’ensuit une longue période de luttes pour le pouvoir, au début favorable à Maximius, puis le vent tourne et il est vaincu, fait prisonnier et mis à mort.
Le devenir des légions bretonnes suscite des interrogations tant pour les observateurs du IVe siècle que pour les historiens actuels. Nennius (moine gallois du IXe siècle) écrit dans Historia Brittonum :
II (Maxime) refusa de renvoyer en Bretagne à leur femme, enfants et pays, les soldats qui l’avaient accompagné, mais leur donna de nombreux districts depuis le sommet du mont Jovis jusqu’à la ville de Quentovic, et jusqu’aux confins de l’Occident, où se trouve Cruc Ochidient. Car les Bretons d’Armorique, qui sont outremer, y arrivèrent avec le tyran Maxime en campagne et, depuis, refusèrent de revenir.

L’interprétation qui est faite des différents textes est, qu’après sa prise de pouvoir, Maximius récompense ses légions en leur octroyant en 384 des terres en Armorique, territoire connu de nombre de Bretons insulaires envoyés pour la surveillance des côtes, et en vis-à-vis de la Bretagne.
L’amnistie décrétée par Théodose (empereur d’Orient, vainqueur de Maximius) confirme la possession des territoires dévolus.
Selon les recherches effectuées par Jean-Claude Even (Kavell ar vro), le territoire mentionné par Nennius va de Hillion à la pointe occidentale de l’Armorique, avec pour limite sud Kerchouan, point culminant de partage des eaux situé au sud-ouest de Quintin. Selon cette hypothèse, l’implantation des premiers bretons en Armorique daterait donc du IVe siècle, donc peut-être à Hillion.

2. Les premiers siècles de la Bretagne, en particulier à Hillion
La migration bretonne s’intensifie en Armorique
À la fin du IVe siècle, sous la poussée des Huns, les peuples de l’est du Rhin envahissent l’empire romain: Goths, Vandales, Francs, Ostrogoths, Saxons, Burgondes…. L’empire se disloque, l’armée romaine de Bretagne, après avoir appelé en renfort des supplétifs saxons pour contrer les Pictes et les Scots, abandonne la Bretagne au début du Ve siècle. Des clans bretons émigrent vers l’Armorique, où ils sont certains de trouver des habitants proches d’eux par les coutumes et la langue, car les relations ont depuis toujours été étroites entre les peuples des deux côtés de la Manche.

Vers le milieu du Ve siècle, les Angles et les Saxons envahissent la Bretagne, repoussent les Bretons vers le Pays de Galles et la Cornwall, provoquant une nouvelle migration vers l’Armorique, plus importante que les précédentes. Elle est organisée par les chefs de clans et l’Eglise, notamment par les sept saints fondateurs. L’île de Bretagne devient la Grande-Bretagne, et l’Armorique devient progressivement la Bretagne.

L’implantation bretonne à Hillion
La Vita Briocii, écrite au cours du XIe siècle par un moine angevin, est une hagiographie de saint Brieuc. Albert Le Grand, reprend cette source en 1636 et décrit l’arrivée du moine Brieuc et de ses compagnons dans le territoire de l’actuelle ville de saint Brieuc.
(Il)nasquit en la Province de Cornoüaille Insulaire (maintenant nommée la Principauté de Walles) en la Grande Bretagne. choisissant quatre-vingt-quatre Moynes de ce Monastere (…) , il s’embarqua,et (…) rengeant la Coste jusqu’au Havre de Cesson, maintenant nommé le Legué, qui est le Havre de S. Brieuc, où ayant pris terre, il se mist à considérer l’assiette & situation du lieu, lequel trouvant un séjour agreable, il entra dans une forest là prés(…). Ils furent aperceus par un Chasseur, domestique du Comte Rigual, qui demeuroit lors dans un sien Manoir prés cette forest. (…), Rigual, le connoissant, s’écria : « Quoy ? c’est Brieuc, mon Cousin! ».(….) & en reconnoissance de cette faveur, luy donna ce sien Manoir, avec toutes ses apartenances, pour s’y accommoder & ses Religieux.

Dans son ouvrage monumental « Histoire de Bretagne » (Tome1-1905), Arthur de la Borderie estime que « la Vita Briocii est déparée par des transpositions évidentes et des interpolations grossières».
Dans son texte ou se côtoient traduction et commentaires, il mentionne que « Brioc fait boire à Rhigall de l’eau fraîche bénite à son intention, qui lui enlève aussitôt toutes ses douleurs. Rhigall, par reconnaissance et pour retenir Brioc auprès de lui, lui donne son manoir du Champ du Rouvre et tout le plou qui en dépendait s’étendant jusqu’à la rivière l’Urne. Lui-même se retire dans l’autre division de son domaine comprise entre l’Urne et le Gouëssan, formant le plou d’Helion (aujourd’hui Hillion). Rhigall avait là un autre manoir, élevé peut-être sur les ruines d’une ancienne villa romaine appelée Vetus Stabulum (Vieille Etable). Quand le comte, chef du plou, y fixa sa résidence, le nom changea : ce lieu devenant le siège de l’autorité qui régissait le plou d’Helion, fut nommé désormais la cour de justice d’Helion, Aula helioni, en breton Lis-Helion. Ce nom subsiste encore dans un village de cette paroisse et marque ainsi pour nous, après quatorze siècles, le séjour du vieux Rhigall.


du XVIe siècle l’église St Jean-Baptiste
Si Arthur de la Borderie fait des réserves sur l’authenticité de certains faits rapportés par l’auteur de la Vita Briocii, il ne remet pas en question la majeure partie du récit, hors ce qui relève manifestement de la légende, comme certains miracles. Les recherches effectuées ultérieurement par René Couffon (« Essai critique sur la Vita Briocii » – 1968), par J-C Poulin (« L’hagiographie bretonne du Haut Moyen-Age » – 2009), et d’autres auteurs, apportent de sérieuses réserves sur la véracité des faits exposés, notamment en raison de l’écriture très postérieure aux faits, à des invraisemblances et à des emprunts manifestes provenant d’autres Vies de saints, mieux établies. On retiendra seulement que des éléments sont probablement indubitables, comme l’origine galloise de saint Brieuc (Brioccius, Briomaglus selon le texte initial), sa probable arrivée au VIe siècle avec la migration bretonne, l’implantation antérieure d’autres migrants d’origine galloise, que l’actuel nom de Licellion (Lis-Helion) atteste. Le terme lis en vieux breton, provient du mot gallois llys. Ces mots ont plusieurs sens : résidence seigneuriale, cour de maison (dans le sens figuré « de puissance d’un prince », de cour de justice). Ces textes plaident fortement pour une origine galloise de Hillion. L‘analyse étymologique faite par Pierre Hillion dans son livre « Bretons de la bataille d’Hastings – Hillion, une famille, un village » (2015) semble apporter une confirmation de l’origine galloise du nom de Hilion qui signifie « les descendants », « ceux de la même race », marquant le territoire des premiers migrants. Voir la rubrique « Toponymie » pour plus de détails.
La christianisation en Bretagne et à Hillion
Lors de la période gallo-romaine (du Ier siècle au début du IVe siècle, cf Fiche 11.03.02), du fait de la faible romanisation de l’Armorique, les cultes religieux anciens (druidiques), ont continué de perdurer en parallèle au culte des dieux romains. La christianisation n’a pas atteint les Côtes d’Armor durant cette période. Ailleurs en Armorique, une chrétienté est attestée au IIIe siècle à Nantes. L’église de Rennes semble avoir existé au Ve siècle, ainsi que celle de Vannes.

Les invasions barbares à la fin du IVe siècle, et surtout au Ve siècle conduisent à la migration de Bretons christianisés à partir de la Bretagne insulaire, organisée par les clans et l’Eglise. Cette migration s’est donc traduite par la christianisation de l’Armorique, et Hillion ayant été l’un des premiers territoires accueillant cette migration, on peut penser qu’un lieu de culte, sans doute très modeste, simple chapelle construite en bois, a été créé sur la presqu’île à cette époque.
La religion majoritairement pratiquée par les autochtones était la religion druidique. Comme partout dans le monde, pour que la christianisation puisse se faire et s’implanter durablement, l’Eglise a utilisé les anciens lieux de cultes locaux, et utilisé les fêtes en vigueur pour les transformer en fêtes chrétiennes. Ainsi, nombre de chapelles, églises et oratoires ont été créés sur d’anciens sites druidiques, la fête des morts de Samain est devenue la Toussaint, la fête du solstice d’été consacrée le 21 juin à Bélénos, dieu de la lumière, est devenue la saint Jean (le Baptiste)…etc. Et le culte de certains saints a remplacé celui de dieux et déesses gauloises : saint Anne en place de Anna en est l’illustration.

(source http://histoiredeschretiens.over-blog.com)
Les évangélisateurs étaient des moines et des prêtres à l’origine des premières paroisses (plou en breton) et d’ermitages (lan en breton). Dans la région actuelle de saint Brieuc, les premières paroisses connues sont celles de Ploufragan (le plou de Fragan, parent de Winwaloe ou saint Guénolé), de Planguenoual (Plou de Conwall). La paroisse de saint Brieuc est un démembrement de celle de Ploufragan, créée sur la base du monastère qu’aurait construit le saint.

L’évêché de saint Brieuc aurait créé en 848-849 par Nominoë, roi des bretons. Il n’existe pas d’information sur date de la création de la paroisse d’Hillion. La première église connue est l’église romane construite à la fin du XIe siècle, peut-être sur l’emplacement d’une église primitive en bois.
Ronan : un saint emblématique de la Bretagne à Hillion
Ronan serait un moine irlandais ayant débarqué en Armorique au VIe siècle. Son premier contact aurait été l’île de Molène (dont l’église lui est dédiée). Il se serait établi tout d’abord à Saint Renan (dans le Léon), puis à Locronan (Loc de Ronan, ou terre sacrée de Ronan). Les hagiographies de saint Ronan contiennent de nombreux faits miraculeux pour l’édification des fidèles. Au-delà de ces récits, on peut déceler que l’action de Saint Ronan aurait été orientée vers la christianisation d’une population pratiquant encore le druidisme, et le fameux différend avec une femme nommée Keben serait l’illustration de la difficulté de cette christianisation. Chassé de la région de Cornouailles, il se serait établi à Hillion, dans un lieu qui, jusqu’au XVIIe siècle s’est appelé Saint Ronan. Ayant construit un ermitage sur le site de l’actuelle église saint Ronan, il y serait mort. Son corps a été transporté à Locronan.

Le site où aurait vécu saint Ronan a suffisamment marqué les esprits de la population pour que perdure à travers les siècles une dévotion marquée à son intention. Le fait suivant l’illustre : au XIXe siècle, la chapelle qui lui était dédiée étant trop petite, fut remplacée par l’église actuelle. Lors des travaux, on découvrit sous le dallage du chœur environ 200 crânes, signe de l’attachement à se placer sous la protection d’un évangélisateur hors du commun.
Fondation de la Bretagne
Les Bretons étendent leur territoire et envahissent la région de Nantes en 587, et probablement celle de Rennes en 594. Le roi breton Judicaël attaque les Francs en 613-616, la trêve qui est déclarée définit les premières frontières entre les Bretons et les Francs. Au cours des siècles suivants, les guerres se succèdent entre Francs et Bretons.
Pendant les siècles ayant suivi la deuxième vague de migration bretonne, l’extension en Armorique s’accompagne par une utilisation large de la langue bretonne qui coexiste de façon plus ou moins prononcée avec le gallo à l’Est. A Hillion, la langue bretonne semble avoir été parlée jusqu’au XIIIe siècle, voire au XIVe siècle. La toponymie est révélatrice de cette utilisation dans le territoire de Hillion où les noms de lieux d’origine bretonne représenteraient environ 40%, taux sensiblement plus important que celui des communes avoisinantes, indiquant une implantation plus forte de la migration bretonne sur la commune.

Louis le Débonnaire impose Nominoë comme gouverneur de Bretagne vers 825. Celui-ci reste fidèle au roi Franc jusqu’à la mort de celui-ci en 840. Puis il reconquiert le comté de Nantes, et les troupes bretonnes s’installent solidement dans les villes de Rennes et de Nantes, fixant les limites historiques de la Bretagne. Nominoë meurt en 851, et est considéré comme le fondateur de la Bretagne.
Apprenant sa mort, Charles le Chauve envahit la Bretagne. Il est vaincu par Erispoë, fils de Nominoë. Le Traité d’Angers conclut en 851 reconnait le rattachement à la Bretagne des territoires voisins de Rennes, de Nantes et de Retz.

3. La présence des Vikings en Bretagne, dans la région de Saint-Brieuc
Les raids et les implantations

Dès 843, les Vikings commencent leurs raids sur la Bretagne, attaquant Nantes qui est incendiée. Après une période de prospérité sous le roi Salaün (saint Salomon) qui meurt assassiné, une période tourmentée s’installe, à laquelle met fin Alain le Grand qui réussit à unifier les Bretons et à battre les Vikings à Questembert en 888. A sa mort (en 907), la situation devient instable avec des querelles de clans et la recherche du pouvoir par les grandes familles de Rennes, Nantes et Cornouaille. Les Vikings profitent de cette situation chaotique pour renforcer leurs attaques. Si les raids vikings sont restés dans la mémoire comme synonyme de tueries, de pillages et de destructions de villes et monastères, tous les envahisseurs n’ont pas ce comportement de conquérants. Nombre d’entre eux sont des commerçants avisés qui s’installent durablement dans plusieurs régions. Au sud de la Bretagne, à Nantes, Noirmoutier et Groix. Au nord de la Bretagne dans le Léon, à Tréguier, à Saint Brieuc et à Dol.

La carte fait apparaître que toute la côte nord de la Bretagne, du sud Goëlo à l’Est du Penthièvre, fait l’objet d’une colonisation éparse, avec un point d’appui fort au camp de Péran (Plédran), site important pouvant accueillir quelques centaines d’hommes.

d’après Strutt, tiré d’un manuscrit anglais

Hillion reste sous la domination viking pendant plusieurs décennies. La toponymie indique que cette implantation a laissée durablement des traces : entre autres, clos Cotte (signifiant « petite maison »), Lermot (signifiant « lieu de rassemblement »). Dans une moindre mesure, l’étymologie de noms de familles actuels est révélatrice d’une bonne intégration de certains vikings parmi la population locale. Le nom Thoraval (du nom du dieu Thor, et du substantif vald signifiant puissance) est particulièrement significatif. Cela veut dire que cette implantation fut non seulement durable, mais souvent une colonisation pacifique pour pouvoir y laisser de telles traces, traces particulièrement sensibles sur la côte nord de Bretagne, sur les îles notamment. Il est probable que le commerce se développa grâce à leur qualité maritime. Cette période semble avoir duré au moins une cinquantaine d’années.
Alain Barbe-Torte chasse les Vikings de Hillion

(Source : http://gwendallazzara.canalblog.com)
Les soulèvements sporadiques des Bretons ne parviennent pas à chasser les Vikings. Yann, abbé de Landévennec sollicite le jeune Alain Barbetorte (Alan al louarn), petit-fils d’Alain le Grand, qui s’était exilé en Angleterre, pour délivrer la Bretagne. Alain débarque sur la côte de Dol avec une troupe de guerriers en 936, et reçoit le renfort d’une petite armée levée par Yann de Landévennec. Il commence la reconquête, chassant les Vikings de la région de Dol, puis immédiatement, il reprend la mer et attaque les Vikings de la région de Saint Brieuc qu’il chasse de ce territoire, et donc de Hillion. Il poursuit ses actions victorieuses à Plourivo, puis à Nantes, délivrant l’ensemble de la Bretagne. Il y est proclamé duc, c’est-à-dire « meneur », titre prenant la place de roi. Il devient ainsi le premier duc de Bretagne. Les Vikings (ou Normands) sont définitivement chassés de Bretagne en 939, après une ultime bataille à Dol.
4. Le renouveau de la Bretagne
Naissance du duché de Bretagne
A la mort d’Alain Barbetorte en 952, la Bretagne est soumise pendant quelques décennies de turbulences liées à la succession entre les fils naturels et légitime d’Alain. Les bretons sont de nouveau unifiés sous l’autorité de Geoffroy, fils de Conan le Tort, en 995, qui prend le titre de duc. Alain III lui succède, et une guerre fratricide se déclare entre lui et son frère Eudon qui obtient le fief de Penthièvre s’étendant jusqu’à Tréguier.

(source « La France pittoresque »)
L’avènement de la chevalerie à Hillion
Les exilés bretons qui s’étaient réfugiés en Grande-Bretagne et en France pendant la période d’anarchie et d’occupation normande reviennent en Bretagne avec une nouvelle notion, le féodalisme, abandonnant les anciennes coutumes fondées sur des liens réciproques d’obligations. Les paysans qui vivaient libres et indépendants voient se renforcer des liens de dépendance personnelle envers le plus riche des propriétaires foncier qui devient peu à peu un chevalier pétri de principes différents.
L’apparition de la chevalerie va de pair avec la création de mottes féodales. Celles-ci sont souvent constituées d’un tertre artificiel en forme de cône, d’une hauteur de 5 à 7 mètres, d’un diamètre pouvant varier de 20 à 30 mètres, surmonté d’une tour en bois fortifiée. Ce tertre est entouré d’un système plus ou moins élaboré de talus et de douves. Selon Henri Frottier de la Messelière, il aurait existé au moins une motte féodale à Hillion, au lieu dit « La Motte Verte », à proximité du centre bourg actuel. Cette hypothèse est renforcée par la présence avérée à Hillion des chevaliers de Hillion, et peut-être d’autres chevaliers, au cours du XIe siècle, comme il est exposé ci-après.

(source « passion médiévale.com »)
La Bretagne est souvent troublée par une jeunesse guerrière prompte à se battre et à vivre de rapines. Des exutoires sont nécessaires pour calmer son ardeur. La conquête de l’Angleterre puis les croisades lui offrent des opportunités.




